Elle se nomme Turritopsis Dohrnii, nous la connaissons depuis plus d'un siècle. Et on a peine à imaginer que cette toute petite méduse sans danger pour l'homme -adulte, elle ne fait guère plus que la taille d'un ongle- est en passe de devenir le plus incroyable et terrible envahisseur d'écosystème jamais pensé...
... car Turritopsis est immortelle!
Notre petite méduse, c'est un peu le Graal de la biologie moléculaire, la fontaine de jouvence, elle fait ce que nous révons de trouver sans oser y croire: Elle rajeunit quand elle veut.
Mais attention, elle ne se contente pas de perdre quelques "années de méduse", non, aucun intéret pour sa survie, elle peut revenir à l'état de polype, réactivant toutes ces cellules en cellules pluripotentes, capables alors de se diviser, comme les bourgeons des polypes naturels -les hydres d'eau douce, ou les coraux- avant de reprendre le cours de sa vie, après avoir survécu à un milieu difficile pour elle -comme les ballast d'un navire qui l'a embarqué d'un port à l'autre- et de poursuivre sa destiné de méduse, capable de refaire la même chose, autant de fois qu'il le faudra, sans aucune limite!
Pendant longtemps -presque un siècle- on a cru plusieurs espèces. En effet, suivant son milieu, elle réactive des cellules différenciées en pluripotentes pour muter -sans toucher son ADN- et ainsi avoir par exemple de 4 à 24 tentacules, ou une corolle adapté au chaud, au froid, etc. Et elle peut transmettre ces modifications à ses filles en repassant polype... Un clone parfait.
Heureusement, elle est bien inoffensive pour nous, et elle meurt quand même restant très fragile, et comestible pour beaucoup de poissons. Mais considérant que sa cousine, de la même taille, Mnemiopsis Leidyi, a décimé les anchois de la Met Noir en dévorant les oeufs des poissons, on imagine ce que peut faire notre petite immortelle le jour où elle se sent bien quelque part.